mercredi 24 avril 2013

La journée sans maquillage

Vous en avez sûrement entendu parler, peut-être même trop! Aujourd'hui, c'était la journée sans maquillage. Il faut savoir que la journée a été initiée par le magazine Elle Québec et par Canal Vie. Je ne le savais pas et quand je l'ai appris, j'ai été franchement déçue. Ce qui pourrait être une superbe initiative est en fait, encore et toujours, une opération marketing. Elle Québec a fait une séance photo d'actrices au naturel. Plusieurs personnes se sont fâchées car ce ne sont pas des photos "réalistes": évidemment, elles sont faites par des photographes professionnels, avec un bon éclairage et la bonne technique! Moi ça ne me choque pas. Ce qui me choque apparaît dans un bandeau à droite, à côté des photos des vedettes: des publicités de maquillage! Et d'ailleurs, lorsque vous voulez voir la photo suivante, il y a un petit décalage de téléchargement de la publicité qui fait qu'en voulant cliquer sur "suivant", il se peut fort bien que vous cliquiez sur la publicité de Cover Girl!!! La journée sans maquillage est un concept marketing complètement hypocrite de la part de Elle Québec.

Mais encore? J'aime l'idée de cette journée, qui est de sensibiliser les femmes à leur beauté naturelle. Je crois que nous n'avons pas besoin d'une couche de fond de teint pour être jolies. En parler, même si ce n'est que pendant une jounée, peut faire réaliser à certaines femmes ou filles qu'elles n'ont pas besoin de cela pour être bien dans leur peau. Mais j'ai entendu et lu tellement de commentaires négatifs sur cette journée...je n'en revenais pas. Le plus éloquent étant sûrement: "Cette journée-là, c'est l'initiative d'une gang de féministes frustrées." Car on sait tous que si on ne veut pas mettre de maquillage, on est obligatoirement une féministe frustrée. On est sûrement poilue et mal baisée, aussi. Il y a des préjugés qui ont la couenne dure...

J'ai beaucoup réfléchi au maquillage ces derniers temps, et à tous ces artifices que nous utilisons pour "améliorer" notre image. Pendant mon dernier congé de maternité, évidemment, je ne me maquillais pas. Quand j'ai repris le travail, ma fille de 4 ans a commencé à me regarder me maquiller. Elle était complètement fascinée. Au début je trouvais cela mignon. Je me revoyais, assise sur le bord du bain, en train de regarder ma mère appliquer du mascara et du rouge à lèvres. Ma fille m'a demandé si elle pouvait, elle aussi, avoir du rouge à lèvres. J'ai accepté à quelques reprises. Lorsqu'elle arrivait à la garderie, sa gardienne le remarquait et la complimentait. Ce qui était un geste spécial est devenu nécessaire: plusieurs matins d'affilée, j'ai eu doit à une crise parce que je refusais de colorer ses lèvres. Je ne voulais pas continuer dans cette voie . Ma fille est magnifique comme elle est. Je ne voulais pas qu'elle pense qu'elle était plus belle avec du maquillage. J'ai décidé de me maquiller au bureau plutôt qu'à la maison et les crises ont cessé. Mais je trouvais que mon attitude n'était pas très conséquente: comment pouvais-je espérer que ma fille se trouve belle au naturel si son principal modèle féminin ressentait le besoin de se maquiller devant les autres? C'était complètement illogique et évidemment, elle aurait fini par découvrir que je me maquillais quand même au bureau.

Tranquillement, j'ai commencé à moins me maquiller. J'ai troqué mes produits commerciaux contre des produits bios et éthiques. Et puis un matin je ne me suis pas maquillée du tout. Le matin suivant aussi. Et maintenant, depuis un mois environ, je ne me maquille plus du tout. À part mon chum, qui me préfère sans maquillage, personne ne m'a rien dit, et je soupçonne que personne ne s'en est rendu compte!

Peut-être croirez-vous que je suis excessive, et que ma fille aurait bien pu apprendre à s'accepter telle qu'elle est en me voyant maquillée. Évidemment, je me bats contre les dictats de la société auxquels elle sera exposée tôt ou tard. Mais je suis convaincue que notre vision de la beauté est directement reliée à celle de notre mère.Si notre mère ne peut pas sortir dehors sans être maquillée, nous acquérerons l'idée que pour être belle, il faut du maquillage. Le goût pour les fards et les rouges n'est pas inné, mais acquis.

Certains diront aussi qu'à son âge, ce n'était qu'un jeu. Je ne le crois pas. À deux ans, un enfant voit le maquillage comme un jeu. Il joue avec les textures des brosses, avec les couleurs. Il observe les gestes. À quatre ans, l'enfant affirme son identité. Il aime l'idée de se maquiller car cela le fait devenir autre, pour un moment. Mais s'il voit sa mère se maquiller chaque jour, pensera-t-il que pour être beau, il faut être autre que soi? Là est le danger, le glissement possible.

Pour répondre aux besoins de nos enfants, qui désirent explorer et jouer avec leurs identités possibles, on peut acheter des crayons de maquillage professionnels et les laisser s'amuser devant le miroir. Ils deviendront tour à tour chat, lion, coccinelle, clown. On peut aussi mettre à leur disposition une boîte remplie de vieux vêtements. Ils s'amuseront à être autre, tout en sachant qu'ils sont, "pour de vrai", absolument merveilleux.

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